La Shoah, la nuit du monde et des consciences…
Six millions de juifs, dont 1,5 million d'enfants, furent assassinés pendant la Shoah dans les pays occupés par l’Allemagne nazie.

Une grande partie de l’Europe est alors sous la domination nazie et la majorité des Etats et des peuples garde le silence sans intervenir et pire encore, certains collaborent avec les assassins.

Et cependant, des lumières d’humanité…
Et cependant, quelques-uns, au risque de leur propre liberté ou même de leur vie, tendent une main secourable pour sauver des enfants ou des familles juives..

Yad Vashem, le mémorial de la Shoah, en Israël avait identifié, au 1er janvier 2006, à travers toute l’Europe, plus de 21 000 personnes auxquelles un hommage est rendu dans le cadre d'un projet créé par une loi de 1963. Ce sont les "Justes parmi les nations".

L’hommage aux Justes comme valeur d’exemple.
Yad Vashem estime que l'hommage rendu aux Justes des nations revêt une signification éducative et morale :

Israël a l'obligation éthique de reconnaître, d'honorer et de saluer, au nom du peuple juif, les non-juifs qui, malgré les grands risques encourus pour eux-mêmes et pour leurs proches, ont aidé des juifs à un moment où ils en avaient le plus besoin.

Les actes des Justes prouvent qu'il était possible d'apporter une aide. L'argument selon lequel l'appareil terroriste nazi paralysait les initiatives contraires à la politique officielle est démenti par l'action de milliers de personnes de tous les milieux qui ont aidé les juifs à échapper à la Solution finale.

Les personnes reconnues comme telles reçoivent la médaille des Justes et un certificat honorifique (remis à un proche en cas de reconnaissance posthume); en outre, leurs noms sont inscrits sur le Mur d'honneur du Jardin des Justes à Yad Vashem. C'est la distinction suprême décernée par l'Etat d'Israël à des non-juifs pour marquer la reconnaissance du peuple juif.

 
Quels sont les critères pour nommer les Justes parmi les nations ?
Les dossiers permettant d’établir la reconnaissance d'un Juste doivent établir, avec plusieurs témoignages concordants, des faits probants, tels que :

  • Avoir apporté une aide dans des situations où les juifs étaient impuissants et menacés de mort ou de déportation vers les camps de concentration.
  • Avoir été conscient du fait qu'en apportant cette aide, le sauveteur risquait sa vie, sa sécurité et sa liberté personnelle (les nazis considéraient l'assistance aux juifs comme un délit majeur).
  • N’avoir recherché aucune récompense ou compensation matérielle en contrepartie de l'aide apportée.


L'aide apportée aux juifs a revêtu des formes très diverses ; elles peuvent être regroupées comme suit :

  • Héberger un enfant ou une famille chez soi, ou dans des institutions laïques ou religieuses, à l'abri du monde extérieur et de façon invisible pour le public.
  • Aider un juif à se faire passer pour un non-juif en lui procurant des faux papiers d'identité ou des certificats de baptême (délivrés par le clergé afin d'obtenir des papiers authentiques).
  • Aider les juifs à gagner un lieu sûr ou à traverser une frontière vers un pays plus en sécurité, notamment accompagner des adultes et des enfants dans des périples clandestins dans des territoires occupés et aménager le passage des frontières.
  • Adopter temporairement un enfant juif pendant la durée de la guerre.


Qui sont les Justes parmi les Nations ?
Certains sauveteurs furent des hommes d'église qui considéraient la résistance au nazisme et l'aide aux juifs victimes du génocide nazi comme un impératif religieux.

D’autres étaient animés des idéaux humanitaires, d’autres encore révoltés par ce que leurs fonctions pouvaient les amener à commettre, comme de nombreux policiers ou gendarmes.

Certains fonctionnaires et diplomates ont reçu eux aussi le titre de Justes parmi les nations :

Angelos Evert, qui directeur de la police d'Athènes pendant l'occupation allemande de cette ville, Paul Grüninger, commandant de la police suisse de Saint-Gall, Aristides de Sousa Mendes, le consul général du Portugal à Bordeaux, Carl Lutz,ambassadeur Suisse à Budapest ,Sempo Sugihara, consul général du Japon en Lithuanie et de nombeux autres, dont Raoul Wallenberg, Consul de Suède en Tchécoslovaquie.

Des Allemands, militaires ou des civils employés dans les pays occupés, ont su dire « non » aux exactions de leurs dirigeants, méritant ainsi, au péril de leur vie, le titre de Justes parmi les nations.

Il faut enfin mentionner un Pays et deux communautés qui ont reçu cette distinction :

  • Le Danemark, et ses mouvements de résistance, ont sauvé la quasi totalité de la communauté juive du pays (environ 7 200 personnes sur un total estimé à 8 000), au cours d'une seule opération en octobre 1943, en l'évacuant subrepticement par le détroit d'Oresund séparant le Danemark de la Suède.
  • Aux Pays-Bas, le village de Nieuwlande, dans la province de la Drente.
  • Dans la région montagneuse du sud de la France, la communauté protestante du Chambon-sur-Lignon.


Les Justes, dont les actions constituent des exemples exceptionnels de courage, de générosité et d’humanité sont des phares pour les prochaines générations, justifiant ainsi la devise extraite du talmud et figurant sur la Médaille des Justes :

« Quiconque sauve une vie sauve l’Univers tout entier »

Sources : comité français de Yad Vashem