MEMOIRES DE JUSTES PARMI LES NATIONS 2016

 

 

 

Dans les jardins de Yad Vashem

 

 

A l’invitation de la Fondation France-Israël et pour la septième fois, une vingtaine  de  descendants de Justes parmi les Nations  participe à un voyage  initiatique en Israël qui les changera à  jamais.

Aller vers sa propre histoire, aller vers soi. Les petits et arrières petits - enfants de Justes, ces Français non-juifs qui, pendant la guerre, ont pris tous les risques pour sauver des juifs, souvent ne connaissent pas ou mal les actions de leurs aïeux.  Par pudeur,  modestie, ou parce qu’ils avaient le sentiment d’avoir simplement  accompli leur devoir,  les héros de l’ordinaire que sont les Justes ont  en effet peu raconté.  Après la guerre, il fallait aller de l’avant,  oublier les traumatismes. Et puis le temps est passé, les grands parents s’en  sont allés  et il ne reste plus souvent  dans les familles que quelques photos en noir et blanc, qui peinent à  faire revivre le passé. Alors, en foulant le sol d ‘Israël pour la première fois, ces  jeunes français  apprennent  le courage  de leur famille, mieux comprendre les actes  de bravoure qu’ils ont accompli, la force de leur engagement. Quelle découverte !

Cette histoire qui est la leur est aussi  celle de la France,  d’une France qui a dit non à la barbarie nazie, à l’indifférence : plus de 3000 Justes se sont ainsi levés, et ceci dans toutes les couches sociales du pays : professeurs,  ouvriers,   artisans, retraités,  aristocrates ou policiers. Ils étaient catholiques, protestants ou, on le sait moins aussi,  musulmans. Ils  ont ouvert leur porte,  caché des enfants,  fourni  des faux papiers, aidé à s’enfuir ceux qui étaient condamnés par l’ennemi.

 Il y a de la fierté, des sourires et des larmes lors des discussions avec des rescapés de la Shoah, à Yad Vashem, dans l’allée des Justes ou les noms  de leurs proches sont gravés pour l’éternité. Et aussi le sentiment  très fort que cet héritage glorieux  oblige. Les petits enfants et les arrières petits -enfants de Justes  sont les ambassadeurs du travail de mémoire, les porteurs des valeurs de ces  Justes  dont aujourd’hui nous avons tant besoin. Face à la barbarie, aux totalitarismes, les Justes répondent fraternité,  courage, tolérance.  Face  à  la division,  à l’indifférence, ils  exaltent  la solidarité nationale,  le vivre ensemble.

Ils sont l’humanité.

En ces temps si troublés, leur message doit nous guider, être un phare pour la jeunesse. 

Enfin ce voyage est aussi une découverte, celle d’un pays, Israël, que tous  visitent pour la première fois. Un petit pays par la taille, grand par ses réalisations, son modernisme, son énergie, un pays  fort différent que celui  si souvent décrit par les médias. De Tel Aviv à Jérusalem,  des  collines de Galilée aux jardins  de  Yad Vashem, les participants partent à  la rencontre des Israéliens ordinaires, des kibboutzniks, des rescapés de la Shoah, des jeunes effectuant leur service militaire.  Entre eux, des liens se tissent, des histoires voient le jour. « Qui sauve une vie sauve l’humanité toute entière » dit le Talmud.  Ici, plus qu’ailleurs, sur cette terre  trois fois sainte, comment ne pas en être  intimement persuadé ?

 

Nicole Guedj, Présidente de la Fondation France-Israël 

et

Ariane Bois, descendante de Juste et romancière

marraine de la septième délégation de descendants de Justes parmi les Nations