VICTOIRE MARZIN

 26 ans, Assistante sociale 


Mon arrière grand-mère, Silvine GIRAULT habitait un petit village à côté de Chitenay dans le Loir et Cher. Veuve, elle travaillait et élevait seule ses cinq enfants.  Le maître d’école, Monsieur ROUSSEAU était dans la résistance. Un jour, il l’a contactée pour lui demander si elle acceptait de cacher deux enfants juifs chez elle pour les sauver de la déportation. Leur mère, Bina SUZYCHI a été déportée à AUSWITCH, les enfants ne l’ont jamais revu. Leur père Shaim était trop malade pour s’en occuper.

Mon arrière grand-mère a ainsi accueilli un petit garçon, Ilicz 9 ans, qui prendra le prénom de Jules et Claire une petite fille de 7 ans.

Le maitre d’école qui était également secrétaire de mairie leur fourni de fausses cartes d’identité et leur donne comme nom de famille FRANCOIS.

Les enfants sont accueillis en Juillet 1941 et resteront jusqu’à la fin de la guerre.

Une amie de Silvine GIRAULT, nommée Blanche GRILLET avait un garçon de 9 ans. Alors mon arrière grand-mère lui a demandé de prendre Jules parce que 7 enfants cela faisait beaucoup. Son amie a accepté.

Mais 6 mois plus tard, mon arrière grand-mère a accueilli un troisième enfant de 4 ans appelé, Michel  BORENSTEIN, qu’elle gardera également jusqu’à la libération.

Un jour, la mère de Michel est venue se cacher 4 jours chez mon arrière grand-mère car elle venait de fuir par les toits pour échapper à une rafle.

Mon arrière grand-mère avait souvent peur parce que parfois le père de Claire venait aussi passer 1 ou 2 jours. Quand sa santé, le lui a permis, il est entré dans la résistance.

Après la guerre, la maman de Michel est venue le récupérer et Shaim SUZYCHI est venu également récupérer son fils et sa fille mais il est mort six mois plus tard et les enfants ont été recueillis par l’association pour les enfants de déportés.

 

 

La Juste : Mme Silvine GIRAULT (Née BLONDEAU)

Les personnes sauvées : Michel BORENSZTAJN, Mme Claire BROSTMEYER (Née FIZYCKI), M. Ilicz FIZYCKI

EMILIE ET CECILE   DURET

33 et 36 ans 

 Enseignante et Enseignante de français 


Henri Kopf est né en Allemagne, d'une famille composée de ses 2 frères (un autre frère naîtra des années plus tard). Ses parents et frères émigrent en France (à Paris) afin de fuir les premières menaces qui débutaient en Allemagne. Quelques temps plus tard, sous le régime de Vichy, la famille Knopf n'était plus en sécurité à Paris. Ils quittèrent Paris et arrivèrent dans le sud avec l'aide de résistants.

Henri a été caché par mon arrière grand-père, Dominique Lapierre de 1942 à 1944 à Soues (le village où j'ai moi même grandi) alors qu'il n'était qu'un enfant. Il était engagé dans ma famille en tant qu'apprenti jockey : cette couverture avait été une évidence puisque mon arrière grand père élevait des chevaux.

Pendant ces deux années, Henri a été considéré comme faisant parti de la famille participant aux activités familiales. Dominique Lapierre, est décédé en 1944 emportant avec lui ce secret qu'il avait tu.

Henri est revenu en 1995 à Soues, et a repris contact avec notre famille. Ma grand-mère a immédiatement reconnu Henri, cet homme qui était adolescent à l'époque avec qui elle avait de nombreux bons souvenirs. Il nous a alors appris qu'il n'était pas qu'un simple apprenti jockey, mais il était alors caché.

Depuis, Henri habite à Soues et fait partie intégrante de notre famille. Il est avec nous à tous les évènements familiaux.

 

Nous avons également tissé des liens privilégiés avec les frères d'Henri qui vivent aux États-Unis, puisqu'Henri a habité près de 20 ans aux États-Unis, car après la guerre, toute la famille Knopf a migré aux Etats Unis.

 

Les 3 frères d'Henri, Max, Armand et Charlie vivent encore aux États-Unis. Max et Armand ont survécu à une déportation à Auschwitz. Max que j'avais rencontré en 2001 et 2008 est décédé il y a 5 ans. Il avait gardé de nombreuses séquelles de ce cauchemar.

 

 

Le Juste : M. Dominique Lapierre

Personne sauvée : M. Henri Knopf


ALEXIS GAZEL 


La famille d’Esther HERSZAFT, six ans, composée de sa mère enceinte de 7 mois, son père et ses trois frères, a fui la Belgique à la déclaration de guerre. Après un voyage plein de péripéties, ils arrivent à Saint-Affrique dans l’Aveyron.

Par l’intermédiaire de la Croix Rouge, Blanche ROUVE (GAZEL), âgée de 25 ans, est volontaire pour s’occuper des 4 enfants en bas âge. La maman lui laisse ses enfants pour partir accoucher du petit René à Toulouse, où elle espère trouver un « mohel » pour effectuer la circoncision. Pendant les mois d’absence de la mère, Blanche s’occupe avec dévouement et bonté des petits.

Plusieurs fois elle réussit à leur sauver la vie en les cachant dans la montagne lors des rafles. Elle n’hésite pas non plus à affirmer aux Allemands que René est son enfant pour éviter qu’il ne tombe aux mains de l’occupant. Elle intervient aussi avec succès pour faire libérer M. HERSZAFT lorsqu’il est arrêté.


Le Juste : Blanche Rouve (Gazel)

Les personnes sauvées : M.Albert HERSZAFT, M. Léon HERSZAFT, M. Salomon HERSZAFT, M. René HERSZAFT, Mme Esther HERSZAFT (Née KATZ) 

ELODIE GREFFE 


Lors de la rafle du Vel d'Hiv, à partir des 16 et 17 juillet 1942, Rivka et son fils Norbert, alors âgé de 7 ans, se réfugient au rez-de-chaussée du 3 rue des Panoyaux, chez leurs voisins, René et Charlotte Herent. Non moins d’une quinzaine de Juifs sont ainsi sauvés par ce franc-maçon et son épouse qui sut repousser la police française sur le pas de sa porte.
Après quelques semaines, René Harent et son fils, Emmanuel, conduisent en lieu sûr - dans leur propre famille, Rivka et Norbert. La mère et son fils sont transportés loin de Paris, cachés derrière des meubles entassés dans une camionnette Peugeot 202. Conduite par Emmanuel, celle-ci est maquillée en véhicule de la Croix-Rouge, René Harent et Emmanuel revêtus d'une blouse blanche d'infirmiers.
Leur périple se termine à 120 km de Paris, chez Louis et Marie-Édouard Greffe, habitants de Villeselve (Oise).
Louis (Charles, Henri) né à Ham (Somme) en 1896, est bourrelier. Il est marié à Marie-Édouard, née à Villeselve en 1895. Ils ont deux enfants, Pierre qui avait déjà quitté la maison, et Jean, le plus jeune qui était très habile de ses mains. Et puis il y a aussi le "grand-père" Greffe.

Là, Norbert va vivre heureux durant 3 ans. Il est présenté comme un petit parisien évacué de la grande ville où il souffrait de la faim. Il va à l'école, dans la classe de M. Legrand et est baptisé par le curé du village, M. Maréchal. Il devient même enfant de chœur. Il connait tout de la guerre 1914-1918 et écoute Radio Londres avec Jean Greffe qui avait installé une grande antenne traversant le jardin.
A vélo, René Harent vient de temps en temps voir sa famille et prendre des nouvelles. A raison : les Greffe seront dénoncés ! Par deux fois, les gendarmes viennent enquêter. Grâce aux relations de Louis Greffe dans le village, ces délations resteront sans lendemain.

Par contre, à la libération, de très nombreux membres des familles Patalowski et Knobler ne reviendront pas des camps et si Rivka décédera nonagénaire, son veuvage restera toujours cruellement marqué par la disparition de tant des siens.

 

Les Justes: M. Louis GREFFE et Mme Marie GREFFE (née FAGARD)

Les personnes sauvées: M. Norbert PATALOWSKI

VINCENT MOINE 

 34 ans, Ingénieur technico-commercial 


Mes arrières grands-parents Maurice et Germaine CLEMENT habitaient à Saint-Benoît-du-Sault (département de l’Indre, 36) avec leur fille Odette (ma grand-mère paternelle, toujours vivante à ce jour) née le 1er février 1925 à Paris.

 

En 1942, Marcel BLUM arrive avec sa femme Alice et ses trois enfants à Saint-Benoît-du-Sault, petit village de l'Indre. Il sympathise avec un ébéniste du village, Maurice CLEMENT, ancien combattant de la guerre de 1914, qui a le même âge que lui. Sa fille Andrée se lie d'amitié avec Odette, la fille de Maurice et Germaine CLEMENT.

En 1942, quand commencèrent les arrestations et déportations de Juifs, le menuisier remit à Marcel BLUM tous ses papiers, carte d'identité, livret militaire, livret de famille et certification de baptême, en lui disant : "Ne vous inquiétez pas pour moi, je me débrouillerai !". Il ajouta qu'il n'avait pas peur de se retrouver sans papiers et ne se souciait guère du danger.

Aimé et respecté au village, Maurice CLEMENT qui avait la confiance de tous, put aider les BLUM et d'autres familles de réfugiés juifs sans éveiller les soupçons. Sa maison devint un refuge pour ses amis juifs.

Toute la famille BLUM s'y réfugiait lorsqu'il y avait une rafle dans la région.

 

Lors de la vague d'arrestations de 1943, leurs noms ne figuraient pas sur la liste des Juifs recherchés.

Comme Maurice CLEMENT travaillait alors à la préfecture à Châteauroux, les BLUM étaient convaincus que c'est lui qui avait fait escamoter leurs noms.

Avertie la veille de la rafle, Mme Alice BLUM prévint tous les autres juifs de l'endroit. Elle fut assistée dans cette tâche par Maurice et Germaine CLEMENT et Marie JUNKER, la gouvernante suisse des enfants BLUM qui rejoindra la résistance.

Lorsque les gendarmes se présentèrent au domicile des Juifs, ils ne trouvèrent personne. Les réfugiés s'étaient tous enfuis et se cachaient.

 

Lorsque la situation des Juifs s'aggrava encore en 1944, Marcel BLUM et son fils Georges quittèrent le village et rallièrent la résistance. Alice BLUM et sa fille Andrée, qui avaient peur de se montrer dans la rue, furent installées par Maurice et Germaine Clément dans la chambre d'Odette. Pendant deux semaines, elles n'en bougèrent pas, laissant les volets fermés. Cette pièce se trouvait juste au-dessus de la cuisine où les CLEMENT recevaient les visiteurs : voisins, amis et gendarmes. A chaque fois, les deux femmes étaient priées de ne faire aucun bruit. Les portes de la maison étaient fermées à clé à l'heure des repas pour que tout le monde puisse les prendre ensemble.

 

Dans sa déposition après la guerre, Andrée BLUM regrette de ne pas trouver les mots pour saluer la chaleur, la gentillesse et l'affection avec lesquelles mes arrière-grands-parents Maurice et Germaine CLEMENT entouraient sa famille.

En été 1944, Andrée BLUM venait d'avoir dix-huit ans. Au bout de deux semaines de claustration dans la chambre de son amie Odette, elle n'en pouvait plus. Sa mère et elle décidèrent donc de quitter leur refuge pour rejoindre Marcel BLUM. Maurice CLEMENT tenta en vain de les en dissuader. Au mépris du danger que courait sa propre famille et ne voyant que les périls que devraient affronter les deux femmes, il les aida à quitter le village et à arriver à bon port.

 

Après la guerre, les deux familles restèrent amis.

Au cours de l'été 1973, après la mort de Marcel BLUM, sa femme Alice et Andrée invitèrent mes arrière-grands-parents Maurice et Germaine CLEMENT et Marie JUNKER-KISSLING à visiter Israël avec elles.

 

Fait extrêmement troublant mais prouvant à quel point le destin de nos 2 familles est à jamais lié, il se trouve que nos arrière-grands-mères respectives Germaine CLEMENT et Alice BLUM (qui avait pris l’identité de Germaine CLEMENT pendant la guerre) décédèrent le même jour à quelques heures d’intervalle.

 

 

Les Justes : M.Maurice CLEMENT et Mme Germaine CLEMENT

Les personnes sauvées: M. Marcel Blum, Mme Andrée BLUM, M. Georges BLUM


ELSIE PEARCE 


Mon grand-père est aujourd'hui âgé de 90 ans, c'est le frère cadet de Pierre CONVERT, il a pris en charge notre famille quand Pierre s'est fait tué, il avait 14 ans à la reprise de la cave familiale de mon arrière grand-mère qui était veuve et qui protégeait les Jacubovitz.

Philippe Jacubovitz était le meilleur ami de Pierre, Pierre un modèle pour mon grand-père, mon grand-père un modèle pour moi sa petite fille unique ainsi que pour mes 2 filles de 6 et 8 ans.

En Octobre dernier, nous avons rendu un hommage à Pierre, la place de notre village porte aujourd'hui son nom, la famille Jacubovitz a fait le déplacement pour cet événement, aujourd'hui il est fondamental pour nos familles de perpétuer l'histoire et la mémoire de tous les hommes dont les actes ont été héroïques.

Je suis fille unique, j'encourage mes enfants à porter et transmettre l'histoire de notre famille dont les Jacubovitz font entièrement partie, ainsi que l'histoire et la culture de nos pays respectifs, la France et Israël.

Je rêverai de participer à ce voyage à la mémoire de l'histoire dont nous sommes imprégnés.


Le Juste : Pierre CONVERT

Personnes sauvées : Mme Lisa CHICHE (née JACUBOWICZ), M. Léopold JACUBOWICZ, M. FILIP JACUBOWICZ

 


PHILIPPE TERRANCLE 

40 ans, Fonction publique espace vert

 

Les parents Fajerwerg sont nés en Pologne : le père Lejzor Zysza est né à Przedborz le 16-02-1907, la mère Perla Cajgfinger est née à Dzerhkow le 3-10-1905. Ils se marient à Metz (Moselle) en 1933. De cette union naissent deux enfants : René en janvier 1934 à Metz ; Georges en mai 1941 à Toulouse (Haute Garonne).

Lejzor exploite une boutique d’électricité à Metz. Après les premières manifestations antisémites, son associé mosellan s’approprie le magasin.

La famille est à Paris quand éclate la guerre ; elle fuit vers Toulouse dans des conditions très difficiles. Les Fajerwerg vont vivre dans des conditions précaires 15 rue Malaret, non loin du commissariat central et du quartier général de la Milice.

Le cordonnier voisin, Mr Moskowitz, renseigné par des clients policiers, les avertit dès qu’ils sont menacés. Ils partent se mettre à l’abri dans la famille de leur voisin pour quelques jours, à Montauban, puis regagnent leur domicile.

Peu avant la naissance de leur fils Georges, en mai 1941, les époux Fajerwerg sont convoqués au commissariat de police du Rempart St Etienne. Perla Fajerwerg consciente du danger, simule un malaise. Le couple réussit à s’éclipser, et va récupérer leur fils René à l’école. Ils fuient à Montauban pour quelques semaines.

La vie continue tant bien que mal jusqu’à fin 1943.

Afin de protéger leurs enfants, René 10 ans et Georges 2 ans et demi, les époux Fajerwerg s’adressent à la paroisse St Jérôme qui les dirige vers la famille Massoc à Estadens, petit village du Sud de la Hte Garonne près d’Aspet. Ces modestes paysans vivent des revenus de leur ferme. Les troupes d’occupation sillonnent la région, car le maquis d’Aspet n’est pas loin. Roger et Marie-Louise Massoc accueillent les enfants sans hésiter. René va à l’école en conservant son nom. A la sortie de classe il participe un peu aux travaux de la ferme.

Vers juillet 1944, Mr Lacloche, probablement réfugié politique, raccompagne les enfants à Toulouse. Les époux Fajerwerg sont restés à Toulouse sous le nom d’emprunt de Nicolas. Il n’y a pas eu d’arrangement financier. Colette Palmade, institutrice dans le canton d’Aspet a fait des recherches dans les archives de l’école et a retrouvé l’inscription de René Fajerwerg dans les registres.

Ainsi Roger et Marie-Louise Massoc, modestes paysans, ont par leur humanisme et leur courage, contribué au sauvetage des deux enfants Fajerwerg.

 

Les Justes : M.Roger MASSOC et Mme Marie-Louise MASSOC

Personnes sauvées : M. René FAJERWERG et M. Georges FAJERWERG

 


FREDERIC UHALDE

40 ans,  Psychologue 

 

Mon arrière grand-père, Gaston Thibault, père de ma grand-mère Jacqueline Thibault (juste également) travaillait à la SNCF pendant la guerre. Gaulliste de la première heure  il a immédiatement aperçu le danger que couraient les juifs français et étrangers. Il a donc logiquement intégré le réseau de résistance du Père Fleury (père catholique, aumônier des Gitans) dans la ville de Poitiers.

C'est à partir de ce moment qu’il a concouru  à sauver des hommes, des femmes et des enfants de confession juive soit en leur procurant des faux papiers pour passer en zone libre (c’est ma grand-mère qui faisait apprendre par cœur aux concernés, leur nouvelle identité) soit en les prévenant de leur arrestation imminente (il avait un indicateur à la préfecture). Dans ce cas il leur faisait prendre un bus pour Bellefonds dans la campagne poitevine,  lieu de résidence de son père,  en attendant de pouvoir les faire transiter ailleurs. S'agissant d’enfants juifs esseulés,  il les confiait à des collègues de travail qui effectuaient la ligne Poitiers-Paris en faisant croire que c'étaient leurs neveux car les contrôles en gare étaient fréquents.  Ensuite c'était  Fernand Thibault (son frère) qui les recueillait à Paris.  Ce Grand oncle habitait rue Lamarck et il disposait là bas de relais qui prenaient ces enfants en charge. Ma grand-mère, quant à elle, était chargée de remettre de fausses cartes d'identité aux juifs placés dans le camp de Poitiers route de Limoges. 

 

Les Justes : Mme Jacqueline BIDEGORRY(Née THIBAULT), M.Gaston THIBAULT

Personne sauvée: M. Alphonse CERF 


FANNY UHALDE 


Il existait à Poitiers un camp d'internement que l'occupant allemand avait réquisitionné afin d'y interner des nomades et des juifs. En 1941 on dénombrait quelques 800 personnes. Le père Fleury aumônier des gitans était un ami de mon arrière grand-père.

C'est ainsi que commença sous la houlette de ce père Jésuite des opérations de sauvetage et de mise à l'abri de familles juives.

Ma grand -mère devint le messager qui faisait parvenir des faux papiers d'identité à ces internés dans le camp situé route de Limoges à Poitiers.

Parallèlement grâce à un indic qui travaillait à la préfecture elle savait quelle famille allait se faire arrêter. Elle les prévenait et leur faisait apprendre par cœur leur nouvelle identité et leur donnait toutes les indications pour leurs caches futures. Elle se rendit à plusieurs reprises à Lyon, accompagné de son petit frère (afin de ne pas éveiller les soupçons des autorités allemandes) avec des faux papiers. Lors d'un de ces déplacements le train dans lequel elle se trouvait a fait l'objet d'une fouille et ses passagers également. Un soldat allemand s'est approché de ma grand-mère Les faux papiers étaient cachés entre son livre et sa couverture opaque. Il a pris le livre...et il n'a rien vu! Son destin aurait pu basculer ce jour là.

Ma grand-mère s’est liée ainsi à plusieurs familles juives notamment la famille Cerf.

Colette Hayoun née Cerf était son amie très chère.

En 1942 la famille Cerf faisait partie de la liste des futurs déportés.

Ma grand-mère les a aidés à se regrouper dans un lieu plus sûr avec une fausse identité. Après la libération les deux familles se sont retrouvées à Poitiers le temps d'un week-end. Par la suite elles se sont perdues de vue suite au déménagement et aux décès de mes arrières grands parents.

C'est la famille Cerf et parallèlement ma mère qui ont permis des retrouvailles particulièrement émouvantes au Pays Basque avec un des membres de la famille Cerf en la personne de Norbert et ensuite à Jérusalem où ma grand-mère a revu Alphonse Cerf cinquante ans après l'avoir quitté. Ce dernier lui a présenté toute sa famille installée là bas et ma grand-mère m'a raconté avec force détails ce voyage si intense en émotion.

 

 

Les Justes : Mme Jacqueline BIDEGORRY(Née THIBAULT), M.Gaston THIBAULT

Personne sauvée: M. Alphonse CERF 

YVES, SEBASTIEN, 

DURANDY 

40 ans, DG d'établissement 

Directeur clientèle 

AYMERIC , Officier de la gendarmerie Nationale 

 

Auguste Massa était cantonnier et résidait avec sa femme à Nice. Il connaissait Yves Durandy, jeune secrétaire au poste de police du 6ème arrondissement de la ville. Auguste croisait à l’occasion les membres de la famille Nekhom, des Juifs déchus de leur nationalité française, assignés à résidence à Nice. Ils avaient loué une villa dans le quartier où il travaillait. En février 1944,  la Gestapo fit une descente à la villa des Nekhom. Par chance, leur fils Marc, 12 ans, était au lycée Massena et leur fille Irène, 20 ans, occupée ailleurs. Les parents échappèrent par miracle à l’arrestation. Profitant d’un moment d’inattention des policiers, M. Nekhom sauta par la fenêtre et dans sa fuite croisa  Auguste qui le prit sous sa protection et le cacha chez lui. Ce dernier repartit ensuite au point de ralliement convenu par la famille en cas de danger, afin de chercher Mme Nekhom et ses enfants. Il hébergea le couple et Marc pour la nuit alors qu’Irène trouva refuge auprès de connaissances. Le lendemain, il fit venir à son domicile Yves Durandy, affilié au «Réseau Tartare» de la Résistance. Le policier enregistra une plainte pour vol à la villa comme si les Nekhom s’étaient rendus eux-mêmes au commissariat, de sorte qu’ils  puissent revendiquer des réparations ultérieurement. Ensuite, il hébergea le couple chez ses parents, Thimothée et Marie Durandy, qui mirent à leur disposition une maison ancestrale qu’ils possédaient à Sausses, un village de 60 habitants perché dans les Alpes de Haute Provence. Marie, employée des chemins de fer, organisa d’abord le transfert des parents en train et ensuite celui des enfants. Yves revint lui-même à Sausses leur apporter des faux papiers et les recommander au curé pour qu’il leur fournisse des titres de ravitaillement. Ils y restèrent jusqu’à la Libération. Rescapés d’une chasse-poursuite dramatique, le couple Nekhom et ses deux enfants ont survécu grâce à la bravoure héroïque de leurs sauveurs.  

 

Les Justes : Mme Marie DURANDY, M. Thimotée DURANDY, M.Yves DURANDY

Personnes sauvées : Mme Irène KAMPF (Née NEKHOM) et M. Marc NEKHOM